Manon Kolanek

Auteure


Questions Sérieuses ^^


– Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Pour commencer, j’emprunterais à la formulation bien connue du conte Boucle d’Or pour me désigner comme ni trop grande (eh non décidément pas !) ni trop petite, une stature d’entre-deux, agrémentée d’une tignasse dont les couleurs varient en fonction des saisons et des envies. Mais après tout, vous verrez tout cela un jour où l’autre, ce n’est vraiment pas ce qui nous importe !
Hormis un portrait physique qui n’intéresse décidément personne, j’occupe une partie de mon temps à enseigner, une autre à écrire et aime profiter de moments de paix, en balade avec mon chien ou mon cheval, jouissant du bonheur silencieux de la campagne environnante. Pas un grondement de moteur, pas un klaxon, l’air est embaumé de douces fragrances, le vent froid vous cingle le visage et le silence n’est enrichi que des battements d’ailes des oiseaux, de la fuite d’un lièvre ou et du bruit des sabots qui résonnent sur le sol.

– Depuis quand écris-tu, qu’est ce qui t’a motivé ?

Cela ne remonte pas à l’époque où l’on s’éclairait encore à la bougie, mais, pourtant, cela fait déjà dix-huit ans que l’écriture m’accompagne. A l’âge de onze ans, un devoir exigé par le professeur de Français : écrire la fin de plusieurs histoires, dont les sujets macabres, fantastiques, horrifiques m’avaient à l’époque bien inspirée. J’ai pris plaisir ce jour-là à écrire et j’ai souvent cherché depuis à reconquérir cette sensation, cette émotion, qui n’a eu cesse de me toucher au fil du temps, de m’apaiser, de me faire rêver et sans doute aussi d’exorciser certains pans obscurs de ma personnalité, dissimulés derrière quelques engrenages crasseux et vils de mon esprit…

– Dans quel environnement et conditions écris-tu ?
(Musique ? Silence ? Pièce particulière ? Tocs éventuels ?? ^^ )

Cela dépend, les conditions varient. Il m’arrive d’écrire en salon, le soir à mon bureau, ou allongée dans mon lit. Autour de moi peuvent résonner les discussions des lecteurs s’entretenant auprès de mes chers collègues auteurs, la bande originale d’un film ou simplement le silence entrecoupé des respirations de mon chien. Quel que soit le lieu, quand l’inspiration m’inonde, je suis dans ma bulle, l’escargot dans sa coquille : le monde autour n’existe plus vraiment, rien qu’une réalité floue, passée au second plan, dissimulée derrière des rêves de gobelins, des images de terres lointaines et les chants de créatures extraordinaires.

– Une citation qui t’inspire ?

« La vérité est dans l’imaginaire » – Eugène Ionesco

– Si tu devais conseiller un livre que tu as lu & qui n’est pas le tien ?

Je choisirais Les Îles Glorieuses de Glenda Larke, une trilogie de Fantasy époustouflante.


Questions subsidiaires obligatoires ^^


– Si tu devais incarner au cinéma un personnage, qui choisirais-tu et pourquoi ?

Choix difficile… J’hésite entre Golum, le Chapelier Fou, le Joker ou Hannibal Lecter. Un peu compliqué me direz-vous pour une femme, en effet, mais le maquillage et les effets spéciaux font des merveilles aujourd’hui. Non pas que je me définisse comme une sociopathe, une aliénée ou une excentrique en règle générale, mais tout comme dans l’écriture, où j’apprécie de jouer sur la folie, j’imagine qu’il doit être drôle de l’interpréter.

– Dans une pièce avec un zombie affamé, tu as un cure-dent, un peigne et un pot de confiture, comment peux-tu l’éliminer ?

Je tente le tout pour le tout, avec les moyens du bord !

Nous sommes dans la chambre, je viens de sortir de la salle de bain et le monstre gronde en face de moi. Un pot de confiture, abandonné là par mon cher et tendre, traîne sur la table de nuit ; il aime en manger quelques cuillères le soir devant un bon film. Mais d’ailleurs, où est-il passé ? Pas le temps de penser à cela ! Il ne me reste qu’un cure-dent, qui oscille de gauche à droite dans ma bouche et un peigne, encore coincé dans ma tignasse à moitié démêlée.
Bon dieu, c’est mal barré !
La bête continue d’avancer vers moi, bavant et dégobillant des litres de sang, qui imbibent la moquette devenue écarlate.
Spouic, spouic…
Les pas de la créature continuent, lentement, et, pourtant, je sais qu’il n’y a aucune échappatoire. Dans la pénombre, je perçois ses deux orbites, rongées par la pourriture et les vers, creusées dans ce visage blafard. Pas une once d’humanité sur cette face aux os saillants et aux dents acérées. Ce n’est plus qu’un prédateur, une bête fauve qui me dévorera à pleine gueule si je reste immobile. La peur me glace, je suis raide. Mon esprit ne pense qu’à fuir, mais se heurte à la triste fatalité de mon destin. La porte est entravée par le monstre, je suis prise au piège. Il est maintenant si près, que son odeur me submerge les narines. Je manque de vomir, la tête me tourne : le parfum de la chair en décomposition.
La nausée me donne soudain l’élan nécessaire, l’étincelle de vie, l’instinct de tenter le tout pour le tout. Je vais peut-être mourir, mais pas sans un dernier soulèvement. Je saisis le bocal de confiture et l’enfourne d’un geste panique dans la bouche béante et saliveuse de la créature. J’y mets toute la force possible, j’entends la mâchoire craquer dans le heurt, le bruit des os se briser. Je frissonne. La bête perd l’équilibre et tombe en arrière. Mais, son bras s’agrippe au mien et m’emporte avec elle. Nos deux corps chutent lourdement sur le sol. Je m’enfonce à moitié dans la carcasse suintante de la charogne. Elle continue de s’agiter en soubresauts sous moi, elle me broie les mains et tente de me griffer le dos.
Je redonne un coup sur le pot de confiture toujours coincé dans le fond de la gorge de mon adversaire, qui lui explose l’arrière du crâne. Une substance noire et visqueuse se répand autour de sa tête, mais il bouge toujours. Je commence à fatiguer. Je saisis mon cure-dent et lui plante entre les deux yeux, précise comme un samurai. Je parviens ensuite à m’extraire de son étreinte, d’un bond, me remets sur mes deux jambes et lui assène d’un coup de pied déterminé l’assaut final. Il ne reste plus qu’une large flaque poisseuse et pleine de verre brisé sous ma pantoufle, reliée à un corps qui cesse enfin de s’agiter.
J’allume la lumière, m’assois sur le lit et souffle un bon coup. Ça y est, c’en est fini ! Je sors mon peigne de la poche de mon peignoir et finis de me démêler les cheveux avec un sourire : je suis encore en vie…

– A ton avis qu’est-ce qu’il y a dans le gloubi-boulga ?

Du potiron, de la citrouille, du butternut et de la carotte. Ce n’est sans doute pas pour rien si Casimir est tout orange !

– Si Dark-Vador était en couple, qui serait pour lui la meilleure partenaire ?

Je choisirais le personnage de la bande dessinée Thorgal Kriss de Valnor, une femme charismatique, courageuse, avec un certain penchant pour la gloire, la conquête et le carnage. Un personnage à double tranchants, qui peut aussi s’illustrer par sa loyauté, son dévouement et l’amour dont elle peut témoigner de manière passionnelle.
Je l’imagine bien, magnifique et grandiose, aux côtés de Dark Vador, à bord de leur vaisseau, cherchant à régner sur l’univers.

– Tu es plutôt Team Poulpe, Ewoks ou Gremlins et pourquoi ?

Les Gremlins. Pourquoi ? Sans doute parce que leur côté sombre me traumatisait jadis, n’étant encore qu’une petite fille. Mais, après les avoir à nouveau revus à l’âge adulte, je suis heureuse que cette peur enfantine soit morte, c’est un petit succès !

– Dans un duel de thé contre Chewbacca comment ferais-tu pour gagner ?

A la fourbe : sous la table, j’enroulerais les longs poils de ses jambes autour de mes orteils, discrètement, et, au moment fatidique, je tirerais d’un coup sec. Chewbacca glissera, le biscuit tombera dans la tasse et j’engloutirais vivement le mien, avant de prendre mes jambes à mon cou ! J’embarquerais pour le Lutin-bus et deuxième étoile à gauche et tout droit jusqu’au matin !

– Te voilà transporté sur une planète inconnue, comment l’imagines-tu ?

Nous atterrissons au cœur de ce qui s’apparente alentour à un vaste désert de sable. Au loin, nous apercevons le sommet dressé de quelques montagnes, émergeant des profondeurs de la terre et montant plus haut encore que nos antiques beffrois. Le sol est rouge sous nos pieds, il y fait très chaud. Nous suons à grosses gouttes sous nos scaphandres, écarlates et proches de l’étouffement.
Après plusieurs minutes, nous apercevons une dizaine d’humanoïdes apparaître au loin. Ils sont presque nus, seulement vêtus d’une légère culotte de peau. Cela fait peut-être des siècles qu’ils n’ont pas croisé d’étrangers.
A bien y regarder, il semble qu’ils ne se dirigent pas vers nous…
Eh mince, cette fichue machine déconne encore !
Je fais signe à mes compagnons d’ôter leur scaphandre et nous pouvons enfin profiter du petit vent frais qui nous vient de l’océan et des rires des vacanciers qui résonnent depuis la plage, où se dispute une partie de beach-volley.